"Liberté 55"

Liberté 55 versus notre contribution dans la société.


Qui n’a pas entendu parler du concept de la retraite à 55 ans, « Liberté 55 ». En fait, les « baby boomers » ont été martelés par cette notion promettant le bonheur et l’indépendance financière. Ils s’occupaient donc de leur programme de sécurité financière pour, une fois à la retraite, faire l’achat de leur chalet, de leur Winnebago, de leur bateau de rêve ou à réaliser un voyage outre-mer. Les banques ne se gênaient pas pour vendre leur programme à l’épargne afin de les convaincre que l’atteinte des objectifs de retraite à 55 ans étaient réalisables, mesurables et surtout incontournables. Ces promesses de notre société devaient nous permettre d’atteindre les rêves mondains les plus fous.

Nous savons aujourd’hui que le concept de la retraite à 55 ans, « Liberté 55 », est chose du passé ou, en tout cas, en voie de disparition. La société a promis à des millions de travailleurs des retraites agréables, douces et reposantes. Nous avons fait croire et chanter pendant des années « Liberté 55 » et, aujourd’hui, on annonce qu’il faut changer complètement les règles. La promesse d’une belle retraite ne sera pas tenue pour tout le monde.

Ce préambule peut nous laisser croire que nous avons été l’objet d’une grande fumisterie. Par contre, pour nous, les gens dans la cinquantaine, malgré ces promesses non tenues par notre société, nous croyons que le bonheur ne se trouve pas dans l’épargne, le niveau du sacro-saint produit intérieur brut (PIB) ou notre rapport avec l’argent, en fait ces éléments ne dit rien sur notre degré réel de félicité. Effectivement, le bonheur ne se résume pas à vivre sous l’emprise de Mamon. Le fait est démontré que passé le cap de la cinquantaine, nous sommes de plus en plus heureux. Mais oui, chaque année un peu plus que l’année précédente et ce sont les économistes, avec leurs courbes et équations, qui ont fait la preuve de cette réalité. En fait, le sentiment de bonheur, au cours de la vie suit une courbe en U. Et la bonne nouvelle, si vous venez d’avoir 50 ans, c’est que vous êtes du bon côté de la courbe… Un article que nous pouvons trouver dans la revue « Pour la science » [1] nous réfère au paradoxe de Richard Easterlin, économiste américain. Dans les années 1970, il fait la preuve que le PIB des États-Unis a augmenté, radicalement, depuis trente ans, pourtant le sentiment de bien-être des Américains, interrogés sur la même période, n'a pas bougé d'un cran. L'argent ne fait pas le bonheur, donc... Ça n'a l'air de rien, mais, à l'époque, Easterlin commet un crime de lèse-majesté contre le dogme de la croissance, peine à se faire publier, et se retrouve aux oubliettes de la science économique. Jusqu'à la fin des années 90, où le paradoxe d'une croissance sans effets sur le bonheur s'impose à nouveau aux chercheurs. Au 21ième siècle, plusieurs études longitudinales apparaissent et elles permettent d’isoler les facteurs déterminant le bonheur (emploi, homme ou femme, marié, célibataire, avec ou sans enfants). Finalement, c’est l’âge qui modifie le plus fortement la donne. À 30, 40 ans, la tendance est à la baisse et à 50 ans, il renaît et à 60 ans, c’est l’extase. La fameuse courbe en U apparaît. Donc, aux USA, en Angleterre, en France, aux Pays-Bas la « U-bend » s’impose dans la communauté économique occidentale. Dans le journal Le monde en 2008[2], il est écrit : « Les sexagénaires seraient-ils les bienheureux de notre société ? Une étude publiée par l'Insee pourrait le laisser croire: après avoir analysé les enquêtes Eurobaromètre depuis 1975, Cédric Afsa et Vincent Marcus constatent qu'en France, la courbe du bonheur atteint son zénith entre 65 et 70 ans. "Le sentiment de bien-être commence par décliner jusqu'à la quarantaine environ pour amorcer ensuite une nette remontée conduisant à son apogée au cours de la soixantaine", résument-ils ». Évidemment, la personne de 65 ans préfèrera toujours avoir 18 ans, mais cela ne veut pas dire qu’il est moins heureux qu’il ne l’était à cet âge. Bien au contraire…

Y-a-t-il une explication à ce constat et phénomène universel ? Pendant, les trente années avant cette tranche d’âge, la vie est en effervescence. Carrière, études, éducation des enfants… Nous récoltons maintenant ce que nous avons semé et dans un même temps nous revisitons nos rêves et ambitions. À cet âge, nous avons atteint une sagesse et nous sommes plus lucides et heureux de ce que l’on a.

Il faut réaliser qu’en plus du bonheur, les gens de mon âge ont une espérance de vie qui leur permettra de vivre encore plusieurs décennies. Le processus de vieillissement s’est décalé d’une quinzaine d’année depuis les années 1950. Un article dans Le point[3] nous dit qu’ : « Une femme de 50 ans aujourd'hui ressemble à sa grand-mère à 35 ans. Nous gagnons chaque année, depuis 1950, trois mois d'espérance de vie : sa durée s'est brutalement allongée, et avec elle tout ou presque, dans le processus de vieillissement, s'est à peu près décalé d'au moins dix ans ».

Maintenant, que devons-nous faire avec le temps, l’énergie et la bonne santé de la cinquantaine. Allons servir! La société a besoin de nous.









[1] Pour la science numéro 429, juillet 2013. Joachim Weimann, Ronnie Schöb et Andreas Knabe.


[2] Le Monde, 29.11.2008. Le Bonheur des sexagénaires au risqué de l’iniquité. Anne Chemin.


[3] Le point, 10.03.2011. À 50 ans, il nous reste presque une moitié de vie à vivre ! Violaine de Montclos.

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